L’importance de l’exposition dans les rites funéraires

Si on entend souvent les gens vouloir des funérailles rapides et sans exposition, c’est qu’on oublie parfois que les rites funéraires existent pour ceux qui restent et non pour ceux qui partent.

En évacuant la religion de notre société, nous nous sommes aussi retrouvés avec un grand vide lorsque vient le temps de souligner le passage de la vie à la mort. L’une de ces traces les plus évidentes est certainement la décroissance vertigineuse du nombre d’exposition par année et la montée en flèche de l’incinération. Comme si l’on avait confondu un rite avec un autre pour aller plus rapidement, pour passer sous silence la souffrance et pour éviter à tout prix de devoir faire face à la mort. Rappelons à ce sujet que l’exposition n’est pas la même chose que l’enterrement ou l’incinération et que peu importe le moyen de disposition du corps, exposer un défunt demeure un rite fondamental dans le processus du deuil.

Détourner le regard

Si l’exposition est si peu populaire en ces temps modernes, c’est que l’on côtoie la mort tellement peu souvent qu’elle rend parfois inconfortable par sa trop grande véracité. Or, elle est partie intégrante de la vie et si on veut poursuivre sa route après le décès d’un être cher, les psychologues s’entendent pour dire qu’il faut voir le mort dans son cercueil. Il faut se confronter à cette image, aussi foudroyante de souffrance soit-elle, pour réaliser, intégrer et accepter la mort de l’autre. Après un tel rite, le processus du deuil peut véritablement s’enclencher.

Vivre sa peine

L’exposition est souvent une rencontre forte en émotion. Se rendre compte que la personne qu’on a tant aimé ne sera plus parmi nous constitue un choc émotif qui peut s’exprimer de diverses façons : colère, tristesse, chagrin, etc. Même si on aimerait passer une vie sans souffrance, elle est inévitable en cas de deuil. Le cercueil ouvert permet donc un dernier aurevoir, un moment empreint d’émotions fortes et une occasion de vivre sa peine entièrement, parmi les siens, avant les derniers adieux. Le départ d’un être aimé est une étape difficile et personne ne devrait éviter de pleurer sa peine, de parler de sa souffrance et de laisser aller ses débordements émotifs.

Se souvenir ensemble

Si l’exposition est aussi fondamentale, c’est qu’un cercueil ouvert permet aussi d’échanger, de partager, de se souvenir et de tisser des liens autour du défunt. Ainsi, l’exposition est une magnifique opportunité de prendre le temps de retrouver les siens et de se rappeler de bons souvenirs, de pleurer ensemble et de se supporter à travers cette étape difficile. Parce qu’aussi désarmant cela puisse être, il n’existe malheureusement pas de raccourcis au deuil.

Faire face

Enfin, l’exposition est un rituel fondamental pour l’existence humaine puisqu’elle permet, ultimement, de se confronter à sa propre mortalité. En regardant la mort en face, en acceptant le départ d’êtres chers, on accepte aussi son propre départ. Partie intégrante de la vie, la mort est au fond la plus grande certitude pour l’être humain.

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