Jean-François Beaudry, diplômé du collège de Rosemont en technique de thanatologie, est aujourd’hui thanotologue à la Maison Hébert et fils. Puisque plusieurs d’entre nous ont encore en tête l’image du croque-mort aux airs glacials, Jean-François est l’homme à rencontrer pour changer cette idée. Homme de son temps, empreint d’une grande humanité, il offre un regard actuel et chaleureux sur ce monde que l’on redoute tous de rencontrer un jour.
Ce qui le pousse à se lever le matin, à travailler dans cet univers morbide, ce sont d’abord des raisons familiales. Avec son grand-père comme fondateur de la maison Hébert et fils, il a vu en cette opportunité un devoir familial à accomplir. De plus, l’aspect familial revêt un tout autre habit dans une maison funéraire puisque la principale tâche est d’accompagner des familles dans leur processus de deuil. Pour tout dire, avec l’absence de routine et le contact avec le public, c’est probablement le meilleur emploi pour M. Beaudry.
Sans jamais vivre la même journée, Jean-François débute chaque jour avec un regard neuf. S’il doit célébrer des funérailles en cette journée, il devra passer au laboratoire pour préparer le corps avant son exposition. Cette étape est d’ailleurs toujours précédée d’une rencontre avec la famille pour déterminer le déroulement de la journée, connaître les volontés du défunt et s’assurer d’offrir à la famille les meilleures funérailles. Après avoir préparé le corps, on l’exposera, des obsèques suivront et la mise en terre clôturera la journée.
Selon lui, son travail demeure important dans une société comme la nôtre qui carbure à la vitesse grand V et à la performance puisque la mort n’épargne aucune vie et qu’il faudra y faire face un jour ou l’autre. Ainsi, Jean-François réaffirme la pertinence des maisons funéraires et de sa pratique puisqu’elles sont là pour aider les familles à vivre ces étapes importantes et à les accompagner à travers ces moments difficiles. Comme il le rappelle si bien, le deuil ne se contourne pas, il faut prendre le temps de le vivre.
Pour s’adapter à ce monde actuel qui tend à vouloir se débarasser des rituels entourant la mort, Jean-François se fait rassurant en notant que les demandes de personnalisation des funérailles se font de plus en plus nombreuses. Il semblerait que l’on tente de se réapproprier les rites, d’actualiser le modèle. Et M. Beaudry n’est pas du tout contre, il sent effectivement qu’en tant que thanatologue, il faut demeurer ouvert, s’adapter et faire dans le sur-mesure.
Il raconte d’ailleurs qu’à une certaine époque, comme on le sait, tout était pensé en fonction de la religion. Aujourd’hui, on note une plus grande personnalisation des funérailles à travers le choix des témoignages, des chansons et même pendant l’exposition. Jean-François évoque d’ailleurs qu’une fois, un de ses clients a demandé à être exposé avec sa moto dans le salon funéraire et… ils ont acceptés! D’ailleurs, au sujet de la Loi C-66 sur la disposition des cendres, il indique que celle-ci ne changera pas beaucoup de choses au quotidien, mais qu’elle permettra d’ancrer la notion de respect dans les nouvelles pratiques.
Enfin, si Jean-François arrive à côtoyer la mort et la souffrance au quotidien, c’est qu’il a appris, à travers ses nombreuses rencontres dues à son travail, qu’il faut apprendre à aimer la vie, au jour le jour.