Chaque culture a ses rituels lorsqu’un proche décède. Au Canada, l’exposition du défunt avant la cérémonie funéraire ainsi que l'inhumation sont des pratiques courantes. Pour déplacer la dépouille entre les divers lieux, l’utilisation du corbillard est le moyen le plus utilisé depuis des centaines d’années.
Toujours dans le but de démystifier ce qui entoure la mort et les services funèbres, nous nous plongeons dans l’univers de ce véhicule mythique représentatif du deuil et des rituels funéraires: le corbillard. </p>
1. L'origine du mot «corbillard» viendrait du comté de Corbeil en France
Il existe plusieurs théories sur l’origine du mot «corbillard». L'une des théories étant qu’il proviendrait du comté de Corbeil, en France.
À l’époque, on utilisait des véhicules navals entre Paris et le comté de Corbeil pour transporter, entre autres, des déchets. Avec l’apparition de l’épidémie de la peste noire, on a eu besoin de transporter les nombreuses dépouilles sur ces mêmes véhicules. Au fil du temps, le mot aurait donc évolué de Corbeil, à corbeil-ard, puis corbillard qui désigne maintenant le moyen de transport des défunts le plus commun.
Une autre théorie serait que le mot viendrait de «corbillat», qui désigne le petit du corbeau. On pourrait penser que l’animal aurait aussi donné sa couleur sombre aux corbillards, mais la couleur noire était déjà associée au deuil dans les sociétés occidentales avant même l’apparition du corbillard.
2. Le corbillard était autrefois une charrette tirée par des chevaux
En effet, l’apparence du corbillard a énormément évolué. Au début des années 1500, les corbillards étaient, en fait, des charrettes tirées par des chevaux. Puis, dans les années 1680, en Nouvelle-France, l’utilisation d’une charrette à bras poussée ou tirée par des hommes est devenue pratique courante.
La charrette s’est ensuite transformée en véhicule plus imposant avec un baldaquin plus ou moins orné tiré par un ou des chevaux. Ce corbillard à baldaquin était cependant réservé aux gens plus fortunés.
3. Plusieurs fabricants automobiles ont fait leur version du corbillard, notamment Jaguar et Ferrari
C’est en 1909, à Chicago que le premier corbillard motorisé a fait son apparition. Il avait un peu des allures de ceux qu’on voit encore aujourd’hui mener le cortège funèbre. Couvert en entier, on y trouvait à l'arrière un plancher sur rouleaux pour y déposer le cercueil et à l’avant, une banquette sur laquelle les deux directeurs de funérailles s'asseyaient. Déjà, on y trouvait certaines ressemblances au niveau des technologies et des lignes du véhicule avec le corbillard d’aujourd’hui.
Peu après, un engouement pour le corbillard motorisé s’est fait sentir et plusieurs fabricants de voitures se sont mis à en proposer.
4. Autrefois, un corbillard pouvait aussi servir d’ambulance
En effet, il y a de cela quelques générations, la population était moins dense et générait beaucoup moins de décès. On transformait donc le véhicule en ambulance lorsqu’on ne l’utilisait pas comme corbillard.
À l’arrière, on pouvait modifier les planchers pour avoir un fond plat au lieu de rouleaux. À l’avant, au plafond, des fermetures éclair renfermaient des gyrophares qu’on pouvait installer lorsqu’on utilisait le véhicule comme ambulance.
5. Depuis l’arrivée des complexes funéraires, le corbillard est de moins en moins utilisé
En effet, aujourd'hui, avec les complexes funéraires, on utilise de moins en moins le corbillard puisque tout se fait au même endroit. L’exposition, la cérémonie, les obsèques et la réception peuvent se dérouler sous un même toit.
L’utilisation du corbillard se fait donc de plus en plus rare, mais elle ne tend tout de même pas à disparaître puisqu’elle fait partie des coutumes et rituels entourant la mort qui peuvent amener du réconfort aux proches. De plus, le véhicule est toujours aussi pratique pour le transport jusqu’au cimetière pour l’enterrement.
6. Pour les professionnels en rituels funéraires, l’utilisation du corbillard peut entraîner quelques anecdotes
Quand on pense à des anecdotes liées à l’utilisation du corbillard, on s’imagine des histoires loufoques de portes qui ouvrent, de cercueils qui tombent, ou de défunts qui sortent de leur cercueil. Heureusement, chez Hébert & Fils, de telles anecdotes ne se sont jamais produites.
J’ai tout de même une anecdote entourant le corbillard qui me rappelle les conseils de mon grand-père.
Mon grand-père nous disait toujours: «quand on fait des funérailles, il faut arriver une heure plus tôt pour être vraiment à l’heure». Selon lui, celui qui arrive à l’heure est en retard.
Cette journée-là, on avait une célébration à 11h. On part donc à l’heure, pour arriver à 10h pile. Je suis assis devant avec mon oncle Richard et c’est moi qui conduis. Puis, je m'aperçois que ça ne tourne pas rond. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec le corbillard. On se stationne donc sur le côté et c’est là qu’on se rend compte qu’on a fait une crevaison. Le corbillard a un pneu à plat.
On ne peut certainement pas appeler une remorque qui nous mettrait en retard pour vrai.
On a donc fait ce qu’on avait à faire, vêtus de nos beaux habits: vestes, chemises blanches et cravates. On sort le pneu de secours, on change le pneu, puis on arrive finalement à la réception, pile à l’heure, mais les mains pleines d’huile et nos habits un peu froissés.
C’est à ce moment que les mots de mon grand-père ont pris tout leur sens. Il faut toujours partir plus tôt pour être à l’heure parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut nous arriver en chemin.